Taux d’intérêt : prévisions et perspectives pour la baisse à venir

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Peut-on vraiment imaginer que le simple haussement de sourcil d’une banque centrale suffise à alléger la note du café du coin ? Chaque soubresaut des taux d’intérêt déclenche une valse discrète : les experts chuchotent, les ménages s’inquiètent, les investisseurs attendent, fébriles. Ici, le suspense ne se joue pas sur la scène d’un grand théâtre, mais dans les bureaux feutrés où l’avenir du crédit se décide, une virgule à la fois.

Tous les regards convergent vers la prochaine annonce : qui sortira gagnant d’un éventuel assouplissement des taux ? Derrière l’arithmétique froide, c’est toute une économie qui retient son souffle, oscillant entre la promesse d’un nouveau départ et la peur d’un faux espoir.

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Où en sont les taux d’intérêt aujourd’hui ?

La zone euro traverse un moment décisif. Les taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) restent plantés à des sommets inconnus depuis vingt ans : 4,5 % pour le taux de refinancement, 4 % pour la facilité de dépôt. Chacun surveille la moindre lueur d’un infléchissement, mais les marchés retiennent leur souffle : l’immobilisme règne.

En France, le taux de crédit immobilier se calme après deux années de secousses. CAFPI et Helloprêt notent un TAEG moyen sur 20 ans autour de 4 %, parfois un peu moins pour les profils les plus solides. Mais partout, de Paris à la province, le marché immobilier avance en crabe : tout dépendra d’un signal venu de Francfort.

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  • L’OAT 10 ans française gravite autour de 2,85 %, traduisant un certain relâchement sur le marché obligataire.
  • L’Euribor 3 mois se maintient au-delà de 3,8 %, témoin de la vigilance des banques.
  • Le taux d’usure fixé par la Banque de France frôle les 6 %, resserrant l’étau sur les conditions d’accès au crédit immobilier.

La pression sur les ménages ne faiblit pas. Les courtiers constatent une chute du nombre de dossiers acceptés : les banques se montrent plus exigeantes que jamais, privilégiant revenus solides et apports conséquents. Résultat : l’accès à la propriété ressemble de plus en plus à un parcours du combattant, et la baisse des taux tant attendue se fait désirer.

Quels signaux annoncent une baisse prochaine ?

Les premiers signes d’un reflux des taux d’intérêt se dessinent dans le sillage d’une inflation qui s’est nettement calmée en zone euro. Après un pic dépassant les 10 % fin 2022, l’inflation retombe aux alentours de 2,6 %. Cette inflexion, attendue de longue date, accentue la pression sur la BCE pour relâcher la bride de sa politique monétaire.

Les marchés financiers n’ont pas attendu le coup de sifflet officiel : sur le marché obligataire, la tension retombe, l’OAT 10 ans recule, les taux allemands s’assouplissent. Tous anticipent une première baisse de la BCE dès juin, portée par des prix stabilisés et une croissance anémique.

  • La prime de terme s’amenuise : un signal de confiance retrouvé envers la trajectoire monétaire.
  • Les taux interbancaires baissent sur les durées courtes, traduisant un relâchement de la liquidité.

En Allemagne comme en France, l’économie fait du surplace, voire recule. Ce contexte pèse sur les décisions à venir. Et l’incertitude plane : l’élection présidentielle américaine, la politique de la Réserve fédérale, tout cela pourrait bousculer le tempo des baisses de taux sur le Vieux Continent.

Le calendrier des baisses de taux : à quoi s’attendre selon les experts

La Banque centrale européenne s’apprête à tourner la page du resserrement monétaire. Selon la plupart des économistes, une première baisse des taux directeurs devrait intervenir lors de la réunion de juin. Cette échéance fait figure de point de ralliement, aussi bien dans les salles de marché que chez les instituts de prévision. Si l’ampleur de la baisse fait débat, un scénario d’ajustement en douceur se dessine nettement.

Les cabinets de conseil et les réseaux de courtiers, dont CAFPI et Helloprêt, projettent que la BCE pourrait réduire ses taux de 25 points de base chaque trimestre jusqu’à la fin de l’année, à condition que l’inflation reste maîtrisée et la croissance molle. Les scénarios avancés ressemblent à ceci :

  • Une baisse en juin, suivie d’une ou deux autres d’ici décembre.
  • Un taux de refinancement de la BCE sous la barre des 3,5 % début 2025.

Le rythme des ajustements dépendra toutefois d’une multitude de facteurs. Les gouverneurs de la BCE surveilleront la croissance économique comme le lait sur le feu, tout en gardant un œil sur l’évolution des salaires. Les tensions géopolitiques et les variations des prix des matières premières pourraient ralentir la cadence. Un point fait consensus : la parenthèse du resserrement monétaire se referme, laissant entrevoir des conditions de financement plus respirables, notamment pour le crédit immobilier.

taux d intérêt

Conséquences concrètes pour les emprunteurs et les investisseurs

La perspective d’une baisse des taux d’intérêt redonne un peu d’air aux emprunteurs. Après deux ans de hausse continue, le pouvoir d’achat immobilier des ménages, laminé par la montée des taux de crédit immobilier, relève timidement la tête. Les courtiers le constatent : la demande repart, surtout du côté des primo-accédants qui n’osaient plus franchir le pas face à la sévérité des banques.

  • En France, les taux moyens sur 20 ans, qui frôlaient 4,2 % début 2024, pourraient repasser sous les 4 % dès la rentrée.
  • La détente des taux redonne du souffle à la capacité d’emprunt : certains pans du marché immobilier jusque-là inaccessibles (Paris, Lyon, Bordeaux) redeviennent envisageables pour les ménages.

Côté investisseurs, la perspective d’une politique monétaire plus souple aiguise l’appétit pour la pierre, les obligations ou les SCPI. Dès l’amorce d’un repli des taux, les stratégies d’arbitrage se multiplient : faut-il miser sur l’immobilier, revenir sur le marché obligataire, ou patienter ? L’incertitude reste palpable, mais la chasse au rendement reprend de plus belle.

Attention, la baisse des taux ne dissipe pas tous les obstacles. Les banques restent vigilantes sur le risque, le taux d’usure demeure élevé, et les prix immobiliers continuent de peser lourd dans la balance. Pour les dossiers fragiles, le verrou du crédit n’a pas sauté. Les professionnels du secteur réclament des critères d’octroi plus adaptés et une meilleure information sur l’assurance emprunteur, surtout depuis l’application de la loi Lemoine.

Demain, une annonce de la BCE pourrait faire vaciller certitudes et stratégies : le marché attend, suspendu à la prochaine virgule monétaire, prêt à bondir ou à patienter, selon le sens du vent.